dimanche 5 janvier 2014

Lettres d'Irlande


Paul et Ed n’ont rien de Banksters. Ils viennent de subir cinq années d’austérité imposée par l’Europe - avec leur cortège de salaires amputés, d’impôts explosés, de services de santé mutilés, d’emploi en chute libre et d’émigration massive.

Paul et Ed savent que l’Irlande est loin d’être le paradis fiscal dénoncé par certains en Europe.

Ils savent que leurs enfants, et leurs petits-enfants, auront encore à payer cette dette voulue par la Troïka pour sauver le système bancaire européen. Ils savent que leurs enfants et petits-enfants auront encore à émigrer – comme l’ont déjà fait leurs parents et leurs grands-parents avant eux.

Paul et Ed ont envoyé chacun une lettre au Irish Times. Voici ces lettres :



Ed : “ Il y a maintenant deux Irlande.

- Il y a l’Irlande de l’Establishment où le Gathering [grande campagne de marketing inventée en 2013 par le gouvernement pour faire revenir au pays, le temps des vacances, les Irlandais de la diaspora afin qu’ils y dépensent leur argent], la sortie du Plan d’aide international, NAMA [agence créee par le gouvernement pour racheter les actifs toxiques aux banques], les hauts salaires et pensions, les coupes dams le système de santé, les hausses d’impôts et des taxes sont, de façon générale, décrits comme de grands succès nationaux pour le bien de tous, sur un long terme.

- Et il y a l’Irlande cachée où l’émigration, le surendettement personnel généralisé, le chômage de masse, la pauvreté accrue et l’augmentation du nombre des sans-abris – avec leur lot de suicides, de stress et de problèmes de santé – sont systématiquement mis de côté et ne sont qu’à peine évoqués par le gouvernement et par les medias.”



Paul : “On estime à 78.000 le nombre de personnes qui auront quitté le pays sur une année (sur une population d’à peine 4 millions d’habitants), d’ici avril 2014.

Il est bon de replacer ce chiffre dans un contexte historique.

Depuis l’indépendance (1922), 80 années ont été marquées par le chômage de masse et l’émigration massive des forces vives du pays.

Une tendance qui continue aujourd’hui aussi fortement que lorsque mon père a été obligé de quitter ce pays dans les années 1950 – et sa soeur aînée avant lui, dans les années 1920. Moi-même j’ai dû faire le même voyage que mon père jusqu’en Angleterre, dans les années 1980.

Maintenant, je regarde mes enfants

Et je me demande où ils vont échouer dans les décennies qui viennent – puisque l’Etat irlandais doit désormais faire face à des décennies de remboursement pour des prêts contractés afin de payer les dettes de banques privées.

Ed et Paul ne pensent certainement pas qu’eux-mêmes et leurs enfants habitent dans un “paradis” – fiscal ou autre.





















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