lundi 31 mai 2010

Trois Irlandaises devant la Cour européenne pour le droit à l'avortement

En septembre 2009, trois femmes - dont les noms sont gardés secrets - ont osé défier l'Etat et la société irlandaise sur la question du droit à l'avortement. Un grand pas pour toutes les Irlandaises.

Les avocates des trois femmes comparaissaient en audience spéciale devant les 17 juges européens pour tenter de les convaincre du fait que toutes les trois avaient usé de tous les moyens légaux à leur disposition, avant d'en appeler à la Cour européenne.

Le jugement rendu par la Cour - présidée par le juge français Jean-Paul Costa - aura, à n'en pas douter, un sérieux impact sur la législation irlandaise en matière de droit à l'avortement.

Les trois Irlandaises - qui ne comparaissaient pas physiquement devant la Cour - ont affirmé que leurs droits humains ont été violés par l'Etat irlandais, qui les a obligées à voyager jusqu'en Grande-Bretagne afin de mettre fin à une grossesse qui mettait leur santé physique et mentale en danger.

La loi irlandaise prévoit pourtant le recours exceptionnel à l'avortement thérapeutique dans ces deux cas - après de longues et difficiles luttes des mouvements pro-choice et grâce à l'influence des lois européennes.

Les trois Irlandaises ont affirmé qu'elles ont subi une violation de leurs droits car leurs cas n'entraient pas dans les conditions prévues par la loi. L'une risquait de développer une grossesse extra-utérine, l'autre suivait une chimiothérapie et la dernière craignait ne jamais revoir ces enfants placés en foyer d'accueil si un autre bébé arrivait.

La décision de la Cour européenne est attendue en Irlande avec un mélange d'impatience et de curiosité. Jugement rendu fin 2010.

mercredi 26 mai 2010

Tinselitis, le groupe irlandais de New York, vous connaissez ?







Pour les accros :

http://www.irishvox.com/tinselitis.html

mardi 25 mai 2010

Irlandais - le peuple migrant

Quand les Irlandais partaient, chassés de leur île par la faim, la misère et les discriminations.





Quand les Irlandais bâtissaient d'autres pays, fondaient d'autres cultures et d'autres mondes.




Ellis Island, l'arrivée tant espérée et tant redoutée. Film de Thomas Edison (1903)


vendredi 21 mai 2010

The Divine Comedy - Neil Hannon chante en avant-première



Le nouvel album de The Divine Comedy "Bang Goes the Knighthood" sortira le 28 mai 2010. Neil Hannon donne le ton en avant-première.

mercredi 19 mai 2010

Le dernier livre de Nuala O'Faolain



Nuala O'Faolain l'avait déclaré à la radio nationale RTE, par un triste matin de mars 2008 : elle refuserait tout traitement. Son cancer était en phase terminale et elle lançait sur les ondes son ultime message : laissez-moi finir de vivre comme j'ai toujours vécu. Libre.

Elle est morte à Dublin le 9 mai 2008 âgée de 68 ans. Son dernier livre a été publié en français chez Sabine Wespieser en août 2008. Il fait figure de testament.



Fille d'un journaliste célèbre du Irish Times, Nuala O'Faolain commence sa carrière en écrivant des chroniques pour le même journal. En 1996, on lui demande d'écrire une préface pour une édition rassemblant toutes les chroniques qu'elle y a écrites. C'est le début d'un roman autobiographique traduit en français en 2002 et publié chez Sabine Wespieser. Are You Somebody ? (On s'est déjà vu quelquepart ?) sera le premier livre d'une série où Nuala O'Faolain parle de ses expériences, de la vie en général, et de la sienne en particulier - en Irlande et à New York, sa ville d'adoption.

Ses trois premiers livres ont été longtemps en tête de la liste du New-York Times Best-Sellers. Le New-York Times a d'ailleurs publié un article nécrologique à sa mort où son premier livre est comparé au Angela's Ashes de Frank McCourt.




Nuala O'Faolain était une femme libre, née dans un pays et à une époque où les femmes ne devaient pas l'être. Elle décrit dans ses livres sa mère alcoolique à force de désespérance, son père toujours absent, ses propres amours hétéro- et homosexuels, ses liaisons avec des hommes mariés. Elle décrit une société irlandaise piégée par son propre système. Et parle des Etats-Unis comme d'un ballon d'oxygène.



Nuala O'Faolain était libre. A l'écoute des autres. Elle répondait à toutes les lettres, donnait son adresse personnelle sans difficulté. Elle était là. Pour tous.

Le dernier livre de cette série, Best Love Rosie, a été terminé peu de temps avant le décès de son auteur. Le thème central tourne autour de la vieillesse : comment l'aborder et, surtout, comment vieillir ? Le récit se partage entre l'Irlande, son pays de coeur et les Etats-Unis, son cher pays des libertés.

mercredi 12 mai 2010

Parlez-vous gaeilge ?



Un petit gars de 5 ans tout juste, qui se plante devant vous, dans la rue et commence à chanter une jolie comptine... dans une langue totalement inconnue, ça interpelle. La chanson est bien jolie et le petit, tout à sa joie, la reprend à plein poumon. Quant à savoir ce qu'elle raconte...

La comptime est en gaélique et le gamin commence à vous la traduire, du haut de ses 5 années.

Qu'est-ce que le gaeilge - langue aux sonorités rauques et au rythme étrange ? C'est d'abord la première langue officielle de la République d'Irlande. La première langue du peuple irlandais : l'irlandais - ou le gaélique comme certains l'appellent. La deuxième langue officielle est l'anglais - pragmatisme irlandais oblige.

Remise à la mode depuis peu par une série télévisée, la langue gaélique a été propulsée sous les feux de la rampe par l'élection, à la tête de son parti politique, du futur Premier ministre d'Irlande. Brian Cowen a surpris son monde en répondant dans la même langue à des journalistes qui l'interviewaient en irlandais. Et sans hésitations.

Il faut toutefois se rappeler que des habitants s'expriment toujours dans leur langue natale - le gaélique. Ainsi un médecin se souvient de ses premières années de médecine à Dublin où, devant soigner un homme d'une cinquantaine d'années, il avait d'abord pensé avoir affaire à un simple d'esprit. Avant de s'apercevoir que l'homme était plus à l'aise, pour décrire les symptômes de son mal, en irlandais qu'en anglais.

Par ailleurs, les personnes plus âgées, scolarisées à une époque où l'irlandais était la seule langue officielle d'Irlande, sont toujours capables de converser entre elles, en gaélique. Au grand dam des plus jeunes.

L'irlandais est devenu langue de travail officielle de l'Union européenne en 2005. Moins de 2 p.cent des Irlandais l'utilisent dans leur vie quotidienne - bien que son enseignement soit obligatoire dans les écoles de la République.

Et même si la langue gaélique reste indispensable pour qui veut devenir fonctionnaire de l'Etat, elle est de plus en plus concurrencée par l'anglais qui, petit à petit, la grignote. Jusqu'à la faire disparaître presque complètement dans des régions comme Dublin et ses alentours.





Mais la résistance s'organise. La langue gaélique a désormais son Digital Humanities Observatory. L'Etat irlandais a décidé d'aider l'institution universitaire à hauteur de 28 millions d'euros. La décision a été prise juste avant la publication des restrictions drastiques du Budget pour 2009.

Son objectif sera de numériser tous documents audio ou vidéo enregistrés au début du XXe siècle dans les régions d'Irlande parlant gaélique. Les chercheurs s'appuieront en grande partie sur les travaux d'un scientifique allemand, le Dr Wilhelm Doegen, qui parcourut l'Irlande de 1928 à 1931, enregistrant la population des comtés de Munster, Ulster et Connacht. Selon les universitaires du Digital Humanities Observatory, les personnes enregistrées par le Dr Doegen utilisaient toujours l'irlandais parlé pendant la Grande Famine (milieu du XIXe siècle).



Actuellement, sur 4,2 millions d'habitant en République d'Irlande, seules 70.000 personnes admettent parler irlandais dans leur vie quotidienne - bien que l'enseignement de la langue gaélique soit obligatoire dès l'école primaire. De récents sondages ont montré que moins de 5 p.cent de la population pouvait effectivement parler irlandais. Et plus des deux tiers disent ne jamais l'utiliser dans la vie courante.



Bien sûr, il faut distinguer les régions dites Gaeltacht [prononcer guel-taukt], situées dans l'Ouest et le Nord de l'Irlande où 45 p.cent de la population parle toujours en gaélique.

Le voyageur égaré au Connemara pourra en témoigner : se retrouver seul au milieu d'un dédale de petites routes, dans une campagne désertique, face à une succession de panneaux indicateurs écrits seulement en gaélique est une expérience dont on se souvient. Il pourra toujours se réconforter dans un pub où il peut avoir la chance d'écouter un chant en gaélique.

mardi 11 mai 2010

La Grande Famine - à la télévision irlandaise




Oubliez les titres en anglais et profitez de ce film Pathé de 1905 montrant l'Irlande de l'Ouest - quelque 60 ans après la Grande Famine.



Il n'est pas si courant que l'on se souvienne de la Grande Famine en Irlande. Ou plutôt si, on s'en souvient mais on n'en parle pas. La douleur est encore trop vive dans bien des familles.

Lundi 8 septembre 2009, la télévision nationale irlandaise (RTE) a diffusé une émission qui a fait l'effet d'un électrochoc. Avec son titre "Où était votre famille pendant la Grande Famine ?", chacun s'est senti pointé du doigt.



Trois figures connues des Irlandais étaient les invités. Face à eux, une batterie de chercheurs et de généalogistes. Au journaliste John Waters, on a tendu l'acte de décès d'un enfant trouvé mort de faim dans un marécage de l'Ouest de l'Irlande.

C'était le frère de son arrière-grand-père."La mort de cet enfant est un crime majeur, qui a été multiplié par 1 million [pendant la Grande Famine]", s'est-il écrié, la gorge nouée. Avant de rappeler les conditions de survie dans les fameuses workhouses, mises en place dans l'urgence par le gouvernement anglais, où les enfants agonisaient à même le sol tandis que leurs parents tentaient de "travailler" dans la pièce voisine.



L'émotion était palpable dans le studio de télévision. L'un des invités, un économiste, s'est entendu dire que sa famille avait, elle, plutôt bien franchi le cap difficile de cette fin de 19e siècle en Irlande en se retrouvant avec 20 maisons au siècle suivant.



Entre 1845 et 1851, 1 million d'Irlandais sont morts de faim et 2 millions ont préféré partir vers l'Amérique à bord des sinistres coffin ships, les "bateaux-cercueils" où nombre d'entre eux ont trouvé la mort.



L'Irlande est passé de 8 à 5 millions de personnes en 6 ans. L'émigration a continué, quant à elle, jusque dans les années 1911. A ce moment, l'Irlande ne compte plus que 4 millions d'habitants.



Les Irlandais de l'"Irlande moderne" préfèrent souvent oublier cette époque. Et semblent ne pas vouloir se souvenir des causes - peut-être trop liées à leurs voisins britanniques.



Mais les participants de l'émission ont insisté. Tout y est passé : Cromwell découpant les terres irlandaises de telle sorte qu'il était impossible d'y survivre ; les landlords anglais ravis de l'occasion ainsi donnée de racheter ces terres pour rien ; le mildiou attaquant les maigres récoltes de pommes de terre.

Aucun détail n'a été épargné. Pas même le fait que les Anglais ont continué d'exporter de la nourriture vers l'Angleterre alors que les paysans irlandais mouraient sous leurs yeux.

Et surtout pas le fait que l'armée britannique de l'époque possédait le stock de nourriture le plus important d'Europe - et que cette aide a été refusée aux Irlandais.

mercredi 5 mai 2010

TK Maxx - la folie de ces dames

Connaissez-vous TK Maxx ? Son concept ? Son succès ? Les Américaines, les Anglaises, les Irlandaises et, maintenant, les Allemandes en sont folles. TK Maxx, c'est la folie. Toutes les fashion victims, les shopaholic s'y précipitent - et toutes les autres. Même les hommes.





Un magasin TK Maxx, ça ne paie pas de mine. Ca a plutôt l'air d'un grand entrepôt. Avec les grandes lettres rouges bien connues au dessus-de la porte : TK Maxx.

A peine les battants poussés, on est immédiatement happés par un tourbillon d'air surchauffé, de lumières blafardes, de femmes affolées courant en tous sens et des dizaines, des centaines de portants. Des portants à perte de vue. Et sur ces portants : des trésors.

Une jeune femme essouflée passe en brandissant son panier TK Maxx comme un bouclier et hurle hystérique : "Un Moschino ! J'y crois pas. Un Moschino !". "Combien ?" demande sa copine froidement. "30 euros !"

Plus loin au bout du rail au Moschino, un pantalon de soirée griffé Valentino attend avec son étiquette marquée 60 euros. Après examen attentif, le prix d'origine est toujours accroché au Valentino : 520 euros.

C'est ça, la folie TK Maxx. Des costumes Ted Baker, Balmain ou Armani, des robes Chloé, Nicole Farhi, French Connection ou Dior.

Des parfums Van Cleef & Arpel, Guerlain ou Rochas, des écharpes Burberry en pure cashmere. Des sacs Gucci ou Mandarina Duck, des pulls Paul Smith. Des jeans DKNY ou Dolce & Gabbana.

Et tout ça pour des prix qui vont de 20 à 60 euros. Parfois, on peut monter jusqu'à 100 euros quand, vraiment, c'est une grosse prise.

Comment font-ils ? Qui sont-ils ? On se pose tous la question. Et on oublie la question, une fois engloutis dans la frénésie TK Maxx.

TK Maxx est la filiale de la maison-mère américaine TJ Maxx, fondée en 1976 par une famille de commerçants, établie aux Etats-Unis dès la fin du XIXe siècle. La famille est actuellement à la tête de 847 magasins sur le territoire américain et au Canada.

En 1994, les TJ Maxx lancent l'expérience en Grande-Bretagne puis en Irlande. Le succès est foudroyant.

Les TJ Maxx veulent aller plus avant en mettant un pied sur le continent européen : En 2007, leurs premiers magasins ont été ouverts en Allemagne.

Leur réseaux de private shoppers courent le monde à la recherche de contacts, de jeunes designers et de magasins à déstocker.

Grâce à leur pêche miraculeuse, les plus grands noms côtoient ceux de jeunes créateurs, pour la plupart américains. Des griffes italiennes ou anglaises partagent les mêmes présentoirs que les grands noms de Paris ou de New York.

Ils ramènent aussi dans leurs filets du linge de maison signé Jalla, Delorme ou Bedeck. Des draps et des nappes de chez Sanderson, des flots de serviettes en pur coton d'Egypte et des boutis aux couleurs fraîches.

TK Maxx, c'est tout ça.

Mais ça peut aussi devenir un cauchemar - le piège des cartes bancaires. L'enfer des comptes en banque.

mardi 4 mai 2010

Violence domestique et récession

La crise économique et financière que traverse actuellement l'Irlande a un impact certain sur la vie des femmes de ce pays. Selon deux études publiées en octobre 2009 par Safe Ireland, un organisme qui lutte contre la violence domestique à travers tout le pays, les violences domestiques faites aux femmes ont augmenté de 21 p.cent en 2008, comparé à 2007.

Malgré les coupes budgétaires drastiques imposées par le gouvernement irlandais pour contrer la récession dans le pays, 1.947 femmes et 3.269 enfants ont été accueillis dans les refuges des services d'aide contre la violence domestique, en 2008.

Chaque année, 5.000 femmes frappent aux portes des refuges de Safe Ireland - l'Irlande compte un peu plus de 4 millions d'habitants. Une responsable de Safe Ireland précise : "Cela représente 11 femmes et 9 enfants qui cherchent refuge chez nous, toutes les heures".

Pour Safe Ireland, ces chiffres ne représentent que la partie visible d'un iceberg qui ne peut que grossir dans les années qui viennent. La crise économique va accentuer la dépendance financière des Irlandaises - qui ont déjà eu beaucoup de mal à pouvoir investir le monde du travail durant les années glorieuses du Tigre celtique.

En 2008, en raison des restrictions budgétaires, 1.722 femmes n'ont pu trouver de places dans ces refuges et se sont retrouvées à la rue. Cette année, on parle de coupes allant jusqu'à 30 p.cent dans le budget de certains services de lutte contre la violence domestique.

Avec un taux de chômage qui risque bien d'atteindre les 14 p.cent en 2010, la crise bancaire et financière qui n'en finit pas, les coupes budgétaires tous azimuts et l'émigration qui repart comme par le passé, les Irlandaises se retrouvent en première ligne pour affronter les conséquences d'une gestion de crise sans précédent par un gouvernement dépassé.